Cet article m’a été inspiré en recherchant des idées de design pour mes céramiques. J’ai remarqué que la couleur bleue était très présente dans les choix des émaux et se déclinait en beaucoup de teintes différentes, plus que pour le jaune ou le rouge, par exemple. En observant la réaction des personnes face à plusieurs céramiques déjà finalisées, il devenait clair que les œuvres les plus appréciées étaient fréquemment bleues. Cela m’a donc interrogée, car le bleu n’est personnellement pas ma couleur préférée! Il s’avère que pour près de 50 % des personnes, cette teinte est celle qu’ils préfèrent. Mais pourquoi donc?
Si la spiritualité était une couleur…
Elle serait bleue ! Car dans l’inconscient collectif, cette couleur représente le calme et la sérénité. Regardez autour de vous, et vous constaterez qu’elle se trouve dans le ciel, la mer, l’océan, bref, les endroits qui nous invitent à la contemplation et au calme intérieur. Tout l’inverse du rouge, le feu, la passion et l’ardeur.


Dans un autre contexte, le bleu favorise la concentration et ralentit le rythme cardiaque. Pour la petite anecdote, plusieurs stations de train au Japon ont des lumières bleues. Cela a pour effet d’apparemment diminuer de 84% les suicides. Toujours au Japon, à Nara, mais aussi à Glasgow en Grande-Bretagne, l’installation de lumière bleue a fait diminuer la criminalité.
Un symbole de tristesse
Pourtant, si le bleu apaise dans certains contextes, il symbolise ailleurs la mélancolie. « Feeling Blue », cette expression viendrait des marins, qui, lorsqu’ils avaient perdu leur capitaine ou compatriotes durant un voyage en bateau, hissaient un drapeau bleu sur le mat et peignaient une bande du même ton sur la coque du navire. Est-ce une légende urbaine ? Étonnement, il est vrai je n’ai trouvé aucune peinture représentant ce rituel, mais même si c’est le cas, cette histoire est restée dans la mémoire collective.
À la recherche du pigment bleu
Au-delà des symboles, le bleu raconte aussi une aventure matérielle, faite de pierres et de plantes transformées en pigments. Le bleu ne peut pas être créé par mélange de couleur, c’est une couleur de base comme le rouge et le jaune. La plupart des pigments proviennent de la nature ou sont faits synthétiquement, c’est à dire en créant des mélanges issus de la nature. On peut par exemple utiliser le lapis-lazuli pour avoir cette couleur. C’est une pierre semi précieuse provenant d’Afghanistan. Pour créer de l’indigo, il faut utiliser la plante Indigofera.

Le bleu égyptien est le premier bleu crée synthétiquement vers 2500 av. J.-C. Fait de sable (silice), chaux, cuivre et cendre végétale, puis chauffé entre 850 et 1000 degrés. Ce qui est fou c’est que cette invention donne un bleu qui demeure lumineux même dans l’ombre. En effet, une émission infrarouge est créée suite à son exposition à la lumière. En l’analysant des milliers d’années plus tard, les scientifiques ont compris que ce bleu ne vieillit quasiment pas.
Quelques autres bleus synthétiques :
Bleu de Prusse, fait à partir de fer et cyanure : découvert par hasard en XVIIIe siècle.
Bleu Céruléum fait à partir de cobalt et étain
Bleu de cobalt fait à partir de l’oxyde de cobalt
Bleu de Klein : une couleur crée par l’artiste Yves Klein en 1960 qui est une teinte ultramarine très saturée.

Yves Klein – Art Basel Miami 2019

Plus qu’une couleur… une énergie
Le bleu, ou même les couleurs en général, ne sont pas qu’un simple mot. C’est la représentation aussi de plusieurs énergies et états d’esprit. Le calme, la logique, la mélancolie, la tristesse et la spiritualité. Une couleur mystique qui passionne les artistes et les foules.